— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue
Ces dernières années, les bonnes nouvelles n’ont pas cessé de pleuvoir d’abondance sur la toiture du ministère de l’Éducation nationale d’Haïti. À ce chapitre en effet, l’on a constaté que le Partenariat mondial pour l’éducation, la Banque mondiale, l’Union européenne, la Banque interaméricaine de développement et l’Agence française de développement continuent de se presser au chevet d’un système éducatif haïtien dont les tares et les maux sont diagnostiqués sous toutes les coutures depuis plusieurs décennies. En chœur ces puissantes institutions internationales trompettent, à coup de millions de dollars et d’euros, qu’elles œuvrent dans le but d’assurer, comme il est mentionné sur le site de la Banque mondiale, la « Promotion d’une éducation plus équitable, durable et plus sûre en Haïti ». Le champion toutes catégories de cet extraordinaire consensus international est assurément le Partenariat mondial pour l’éducation qui précise, sur son site, qu’il intervient « pour aider à faire avancer la réforme de l’éducation en Haïti » –ce qui laisse entendre aux incrédules et aux mécréants (dont nous sommes) qu’il y aurait actuellement en Haïti une présumée « réforme » éducative que les enseignants ne voient pourtant pas passer dans leurs écoles… D’ailleurs, dans leurs communiqués logés au sommet d’un exemplaire œcuménisme, les puissantes institutions internationales ne disent pas si elles oeuvrent à « faire avancer » la huitième ou la quinzième ou la trentième ou la cinquantième « réforme » de l’éducation en Haïti, ou si elles s’appliquent désormais à « réformer la réforme » du système éducatif haïtien… Qu’à cela ne tienne, la valse des millions de dollars et d’euros se poursuit, elle se danse nuit et jour dans les cabinets ministériels et dans l’antichambre des « experts » et des « consultants » nationaux et internationaux où trônent des diagnostics, des plans, des projets et des programmes qui se ressemblent d’une année à l’autre, la plupart du temps comme s’il s’agissait d’une prothèse miraculeuse aux innombrables vertus curatives.